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AFRIQUE NOUVELLES

Un autre regard sur l l'Afrique et le monde.

L’EDUCATION, PARENT PAUVRE DE LA GOUVERNANCE !!!

Publié le 15 Juin 2017 par ADJORBEL Stéphane

L’EDUCATION, PARENT PAUVRE DE LA GOUVERNANCE !!!
L’EDUCATION, PARENT PAUVRE DE LA GOUVERNANCE !!!L’EDUCATION, PARENT PAUVRE DE LA GOUVERNANCE !!!

« Ouvrez les écoles et vous fermerez les prisons » affirmait avec force conviction Victor HUGO. Faisant l’économie d’autres pensées, cette seule assertion suffit à démontrer l’importance accrue de l’éducation dans l’épanouissement et la prospérité d’une cité. Une fois assise, l’éducation devrait drainer dans son sillage, toutes les initiatives de développement socioéconomique. Raison pour laquelle, ce secteur mérite une attention soutenue. Au Tchad, cette question se trouve ces dernières années, plus qu’avant, à la croisée des chemins. Autopsie d’un grabataire…

L’enjeu du présent article est moins de proposer des essais définitionnels du concept de l’éducation, que de « porter la plume sur la plaie ». Laquelle plaie est indéniablement béante, au regard des challenges qui se posent à elle. L’on ne saurait tout de même passer sous silence une acception qui se voudrait simple. En effet, par éducation, on peut entendre un processus par lequel, l’homme baigne dans les savoir-faire et savoir-être, lui permettant de se réaliser et de contribuer au bien-être de sa société. L’UNESCO (Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture) allait dans la même perspective, lors d’une conférence par elle prononcée à Tbilissi en 1977. Elle y voyait l’acquisition des connaissances, des comportements et des compétences pratiques nécessaires à la résorption des problèmes sociaux. Au regard de cette conception, peut-on raisonnablement affirmer que l’école tchadienne prépare les apprenants à relever les défis de notre société ? La question est complexe et sa probable réponse relève d’une gageure. Aborder les talons d’Achille de notre école et vouloir y apporter des alternatives est une tâche fastidieuse. Il serait donc prétentieux de notre part, de vouloir traiter ici de tous les écueils qui plombent notre système éducatif. Cette responsabilité immense échoira davantage aux spécialistes de la question. Pour notre part, nous nous contenterons d’éveiller la conscience des politiques et de l’opinion publique sur les avatars de notre école et proposer dans une certaine proportion, quelques pistes de solutions y relatives. Aussi, nous nous limiterons par souci de commodité et d’actualité à la période relativement récente.

Ces dernières années, les résultats scolaires ne cessent d’envoyer des signaux alarmants aux acteurs (gouvernement, partenaires au développement, enseignants, parents d’élèves, élèves…) Néanmoins, longtemps, l’on a recouru à des faux fuyants pour se dérober des vrais défis du système éducatif. D’aucuns situent ce drame en 2013, lorsque les résultats au Baccalauréat donnaient 7% de réussite. En réalité, depuis la période précédent cette hécatombe, c’est le second tour au Bac qui sauvait, bon an mal an, la face hideuse de notre éducation. Sa suppression pour l’année considérée mettait à nu les failles d’un système qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Aussi, le gouvernement n’y a pas appliqué toute la thérapie escomptée, au regard de l’immensité des défis. En témoigne ses élucubrations, notamment la fermeture/réouverture de certains lycées et collèges qui ne respecteraient pas les normes, la suppression/réintégration du second tour au Bac, la suppression de la transition entre le cycle primaire et le collège. Et le hic, c’est la récente suppression du redoublement de classes. Toutes ces mesures étaient prises en un temps record et l’on ne s’empêche toutefois de parler de reformes. De quelles reformes s’agit-il ? Faudrait-il rappeler, qu’une reforme suppose des options stratégiques inscrites dans la durée et poursuivant un certain nombre d’objectifs ? Si l’on s’en tient à cette conception, il n’y a pas reforme du système éducatif au Tchad mais des mesures circonstancielles prises et rapportées, au gré des humeurs et des considérations autres que l’efficacité et l’efficience. Une telle conjoncture soumet les apprenants à une instabilité préjudiciable à un apprentissage serein.

En outre, il importe d’indiquer que l’éducation fait partie intégrante des politiques publiques. Comme telle, il revient au gouvernement de définir les grandes orientations en la matière dans une vision d’ensemble, quitte à ce que d’autres acteurs impliqués s’y arriment. C’est aussi du domaine régalien de l’Etat, qui ne saurait être relégué ou jeté en pâtures. Les écoles privées qui essaiment le paysage éducatif devraient être l’objet d’une autorisation préalable motivée, d’un contrôle de routine assez méticuleux sur leur qualité par rapport à la politique éducative de l’Etat et éventuellement des sanctions coercitives si celles-ci ne respecteraient pas les options définies par l’Etat. C’est en cela que nous inspirerons le crédit des partenaires au développement. Avant tout, il faut le faire pour sortir la génération future de l’ornière. Ce qui se passe, c’est que le gouvernement cherche davantage à berner les partenaires éducatifs, que de prendre à bras le corps les défis y afférents. J’en veux pour preuve, les résultats du Baccalauréat 2013 et 2014. Pour refaire la virginité d’un système plombé par des challenges multidimensionnels mis au gout du jour en 2013, le politique a préféré donné le ton au tripatouillage des résultats du Bac 2014, en faisant croire que nous étions passés de 7% à 18%, donc un bond en avant. C’était en réalité un saupoudrage et il n’en était rien. La vérité, c’est que les partenaires éducatifs, lassés d’apporter leur caution à un système non compétitif, s’apprêtaient à jeter l’éponge. C’est alors que le gouvernement, sentant la manne s’évaporer, a dû s’adonner à cette manœuvre. C’était sans compter que l’opinion n’est pas dupe.

Au demeurant, posons-nous une question : de quelle école notre société a besoin pour faire face aux exigences de notre temps ? Cette question est dense et peut à elle seule ouvrir une flopée de perspectives d’études. En guise de début de réponse, nous osons penser que plus d’un demi-siècle après l’indépendance, il est impérieux que notre éducation sorte des sentiers battus, pour intégrer dans ses méandres, l’entreprenariat, la revalorisation de l’agriculture et du développement rural et la citoyenneté environnementale. Ces données dépassent les cloisons intellectuelles et doivent être appropriées par chaque citoyen. Telle est la nouvelle philosophie qui pourrait meubler la trame de fond de notre école. En clair, il s’agit de se doter d’une école tournée vers le développement.

Dans une autre paire de manche, je fais abstraction de la qualité du corps enseignant et des infrastructures, non pas qu’elles seraient de moindre importance, mais par souci d’espace. Venons-en au matériel didactique conçu par le centre national de curricula (CNC). Les manuels souffrent profondément d’un mimétisme éhonté et donc d’une inadéquation avec nos réalités. De surcroit, ils se trouvent grossièrement truffés de fautes incommensurables. Que voulons-nous apprendre à la postérité avec ce genre de manuels ? Il suffit de lire la Collection Champion et consorts pour se rendre compte de ces incongruités. Cette situation résulte en partie, d’une gestion scabreuse de notre système éducatif. Il y a de cela 3 à 4 ans, un forum sur le système éducatif se tenait à N’Djamena(Tchad). Laquelle assise était censée diagnostiquer les maux dont souffre l’éducation au Tchad en vue d’y proposer des solutions. A priori, l’initiative est salutaire, mais à y voir de près, elle est problématique. En effet, les professionnels de l’éducation étaient pour un bon nombre mis à l’écart, au profit des courtisans et autres garçons de la basse cour, l’enjeu étant l’argent. Et les recommandations issues de cette rencontre sont restées lettres mortes. Ceci nous conforte dans notre pensée selon laquelle, ce genre d’initiatives est organisé pour faire croire aux partenaires éducatifs (UNESCO, PNUD, UNICEF…) que l’éducation est prise en main. C’est d’autant plus dommage, que ces partenaires sont étrangers et donc moins soucieux du progrès de notre pays. Nous devrions nous même, prendre le taureau par les cornes que de se complaire dans ce type d’exercice.

Je ne saurais clore mon propos, sans questionner l’apport des apprenants, les premiers concernés. Aujourd’hui, la flemme et le goût de la facilité minent viscéralement le milieu jeune et notamment celui des élèves. Ces derniers rechignent les activités saines (lecture, conférences, formations, entrainements, vie associative…) au profit des menées ludiques (playback, alcoolisme, tabagisme…) Ceux là auraient appris que même sans l’école, on peut se faire une place au soleil du Tchad. C’est ainsi qu’on pollue l’esprit de la jeunesse. Sans nier cette réalité, il sied d’indiquer que le culte de la médiocrité, qui a cours dans notre pays est forcément conjoncturel et éphémère. Les jeunes qui veulent bâtir leur avenir sur le roc, gagnerait à dépasser cette conception, se fixer des objectifs et se donner les moyens de les atteindre. Ils auraient ainsi rendu un hommage appuyé à la mémoire de Voltaire qui alléguait : « cultivons notre jardin ». Si jeunesse savait…

 

 

 

 

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