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AFRIQUE NOUVELLES

Un autre regard sur l l'Afrique et le monde.

LA VOIE DE LA TROISIEME VOIX…

Publié le 18 Juin 2015 par A&B

Dans nombre de pays du monde et en Afrique, la vie politique a dominé les esprits au point où l’on a le sentiment de faire de la routine ou le statu quo. Le citoyen lambda surtout pris dans l’engrenage de la bipolarisation pouvoir/opposition ne sait plus à quel saint se vouer…De tous les discours émanant des chapelles politiques, lequel est crédible et porteur des aspirations populaires ? Un pays ne gagnerait-il pas à s’affranchir de la sempiternelle dialectique pouvoir et opposition ? Décryptage…

Dans les pays à fort ancrage démocratique comme du reste dans ceux en voie de démocratisation, pouvoir et opposition constituent la cheville ouvrière du système et dans une certaine mesure la société civile. Pouvoir et opposition se livrent très souvent à des passes d’armes et parfois l’acrimonie. Le premier défendant becs et ongles son programme et bilan, la seconde critiquant vertement les travers du premier. Ces croisements de verbes visent à terme pour l’un et l’autre à rallier à sa cause la majorité possible de l’opinion publique. Cela participe évidemment de la communication politique. Et c’est de bonne guerre dans une démocratie que de vouloir libérer la parole. Même la parole la plus tranchante et discordante. Et la société civile, surtout dans les pays en démocratisation peine à affirmer son indépendance à l’endroit des acteurs politiques. Au pire des cas, elle se trouve inféodée dans les officines de l’une ou l’autre des parties. Dans une telle configuration, que faut-il faire pour libérer le citoyen de leurs combines ?

Il y a une impérieuse nécessité d’envisager une troisième voix qu’il est convenu d’appeler les « voix autorisées ». De quoi s’agit-il ? Ce corps à part entière mais informel-entendons-nous bien-sera composé de personnalités indépendantes, ayant une réelle indépendance d’esprit-permettez cette redondance- et une liberté de ton. Pour autant, il ne s’agira pas de personnages tirant facilement à boulets rouges sur les acteurs politiques. Il faudra davantage des hommes inspirant et jouissant du respect de leurs compatriotes. Des hommes moins volubiles mais plus entreprenants. Ainsi, leur parole fera foi et emportera l’adhésion de l’opinion publique. Un pays qui se veut digne devra suivre cette voie…Les hommes pouvant intégrer ce corps de sages peuvent provenir des milieux composites ; comme les cercles religieux(Le clergé, les Imam les pasteurs…), du monde universitaire et de la recherche(les enseignants chercheurs, les intellectuels, les experts, les autodidactes, les journalistes, les essayistes…), de la sphère des arts, de la culture et des sports (artistes musiciens, écrivains, cinéastes ,vedettes des stades, des mécènes …), de la diaspora(des personnalités moins politisées de préférence). Aussi, certaines personnes ayant occupé des fonctions officielles et qui ont su se retirer par la grande peuvent en faire partie de par leur comportement. La liste n’étant pas exhaustive, cette énumération pourrait servir de guide pour dénicher les personnalités susceptibles d’être les « voix autorisées ».

Au demeurant, le travail qui incombera à la troisième voix consistera à intervenir dans les grands moments de la vie de la nation et à offrir ses bons offices en cas de conflits réels ou latents. A titre d’exemple, N’Djamena la capitale tchadienne vient d’essuyer des attentats meurtriers. Nul besoin de rappeler qu’en pareille circonstance, les forces politiques de toutes obédiences doivent taire leurs divergences et se réunir au chevet de leur pays. C’est l’union sacrée ou la trêve des partis. Si d’aventure, certains acteurs politiques rechignent à s’y arrimer, les voix autorisées interviendraient pour leur faire entendre raison. Lorsqu’entre pouvoir et opposition, l’on fait un dialogue de sourds et qu’il y a blocage pouvant créer un péril en la demeure, la troisième voix pourra rapprocher les parties et renouer le fil du dialogue. Lorsqu’un pays connait un enlisement du fait de la grève, de la mauvaise gouvernance, de la guerre, de la fraude électorale, d’une épidémie ou d’une catastrophe naturelle, les voix autorisées s’exprimeront et agiront sans tambour ni trompette pour ramener la quiétude. Les exemples à ce sujet fourmillent et on pourra les multiplier autant de fois qu’on voudra.

En présence des personnalités de cette trempe, un pays pourra éteindre son incendie de l’intérieur avant l’arrivée des sapeurs-pompiers de la communauté internationale. Une crise pourra ainsi être circonscrite avant l’apport extérieur. Cela participe aussi de la dignité d’un pays.

Ces personnalités qui doivent se mettre au-dessus de la mêlée, inspireront confiance aux acteurs politiques et les organisations internationales pourront recourir à eux pour les grandes médiations. Un pays aura de ce fait exporté son savoir-faire et son intelligentsia.

Regardez un peu en Afrique, ces personnalités ne manquent pas…Desmond Tutu en Afrique du sud, Edem Kodjo au Togo, Christian Tumi au Cameroun, Wolé Soyinka et Olesegun Obasando au Nigeria, Koffi Annan au Ghana, Angélique Kidjo au Bénin, Abdou Diouf au Sénégal, Boutros Boutros Ghali en Egypte, Alpha Blondy en Côte d’Ivoire…

Ces personnalités couvriront nos pays de leurs ombres….Face à la crise de confiance et la désaffection qu’éprouve le citoyen à l’endroit des politiques, il faut suivre la voie de la troisième voix.

 

 

Yannick D. YONOUDJIM

 

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