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AFRIQUE NOUVELLES

Un autre regard sur l l'Afrique et le monde.

LE BATEAU TCHAD TANGUE…

Publié le 14 Juillet 2015 par A&B

LE BATEAU TCHAD TANGUE…

Parler de la gouvernance, dans un pays comme le Tchad, est pour le moins fastidieux. Dans un pays où tout semble prioritaire et stagnant, une lecture même lorsqu’elle se veut objective et aseptisée, ne manque pas de susciter suspicion et circonspection. Rien que l’observation empirique de la vie publique de notre pays soulève une flopée d’interrogations sur les options des politiques. Focus…

La gouvernance est une thématique qui est abordée par chaque acteur suivant les logiques et considérations qui lui sont propres. En ce sens, il n’y a pas une acception unique mais toute une kyrielle. Ainsi, les bailleurs de fonds internationaux et notamment le FMI (Fonds monétaire international), la Banque mondiale, le PNUD (Programme des nations unies pour le développement) l’appréhendent sous un prisme éthique en y adjoignant les qualificatifs « bonne », « saine ». L’union européenne, pour sa part, y voit un processus démocratique conduit par des acteurs visant des objectifs bien définis. Il existe ainsi une floraison de définitions, dont il est illusoire de prétendre en restituer ici la quintessence. Ajoutons toutefois, que dans le cadre de l’aide publique au développement, ces partenaires multilatéraux sont enclins à imposer leurs diktats aux Etats africains. Lesquelles options ne sont pas toujours adaptées à leurs réalités. A titre d’illustration, le très controversé PAS (Programme d’ajustement structurel) et les mécanismes additionnels du FMI dont nos Etats en gardent les stigmates sont plus qu’éloquents. On peut donc multiplier les exemples jusqu’au OMD (Objectifs du millénaire pour le développement). Si nos Etats avaient les coudées franches, ils devraient s’interroger sur la pertinence des programmes élaborés dans des contextes exotiques par rapport aux préoccupations des peuples africains et en tirer les conclusions qui s’imposent. Au-delà de ces considérations générales, que fait le Tchad en termes de gouvernance pour sortir de l’ornière du sous-développement ? La question est à la fois vaste, osée et dense…

La gouvernance au Tchad fait frémir, tant elle est l’ombre d’elle-même. Machiavel nous dit « gouverner, c’est faire croire », tout comme une maxime postule « Gouverner, c’est prévoir ». Le Tchad, notre pays, au sortir de la CNS (Conférence nationale souveraine) a élaboré des textes, installé des institutions, organisé des élections, les états-généraux de tel ou tel secteur. L’on peut passer le clair de notre temps à débiter ces réalisations. Mais pour quel impact ? Pas grand-chose ! Les esprits simplistes, débonnaires et complaisants nous parleront d’un processus pour justifier le retard pris dans la réalisation des réformes devant changer le cours de nos vies. Au-delà de cet argument, qui a peut-être aussi son pesant d’or, nous nous arc-boutons avec conviction sur la dimension humaine. Le Tchad a un problème de leadership et précisément d’homme. A cet égard, nous infirmons le Président OBAMA qui alléguait que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes ». Le Tchad, lui, a besoin d’hommes forts. Nous manquons cruellement d’hommes forts à même de porter nos aspirations jusqu’au firmament. C’est à notre sens, le nœud gordien des revers cuisants enregistrés jusqu’ici en matière de gouvernance. L’homme tchadien est à refaire…

Cet écueil majeur est sans doute consubstantiel à la qualité de notre éducation. L’éducation…Et encore l’éducation. L’école devrait susciter les héros, les hommes d’influence des girons de notre société. C’est en cela aussi que notre école doit sortir de son aliénation pour incarner le progrès, le nôtre. Pour autant, je ne prête pas à l’éducation toutes les vertus du leadership. Elle doit baliser le terrain et affiner les savoirs basiques. Le reste dépendra largement des choix et orientations personnels de tout un chacun. L’école est un préalable qui doit lever le premier obstacle à la formation de la personnalité : « un homme sain dans un esprit sain ».

Dans le même sillage, on ne s’improvise guère leader. C’est la résultante d’un processus d’apprentissage laborieux, fait des vagues, des systèmes de valeurs, des convictions, des expériences,…Un leader, c’est celui là qui portera la dynamique du changement. C’est l’homme sur qui reposent les espoirs d’une infinité de personnes. C’est l’homme qui rassure quand l’horizon s’assombrit. C’est l’homme qui trouve d’alternatives quand la société est en panne d’inspiration. C’est l’homme qui est à l’avant-garde des grandes luttes pour prendre des initiatives opportunes et prometteuses. Le leadership, plus qu’une responsabilité est une exigence. Comme on le voit, ne devient pas leader, un imposteur, mais un « architecte de l’ombre ».

En parlant de leader, je ne fais pas appel à l’homme providentiel, mais à l’homme avisé qui connait les problèmes de ses semblables et a les moyens de les résoudre. Il faut les hommes de cette étoffe au Tchad. Un pays qui a perdu assez de temps dans les guéguerres, les élucubrations, les marches en arrière, les improvisations,…Un pays qui manque de vision parce que dépourvu de leader. Cet article n’est pas une jérémiade, mais un appel de pied que je lance à la jeunesse. La jeunesse…Et encore elle. La jeunesse de nos rêves, la jeunesse de notre challenge, la jeunesse de notre avenir. Elle doit se saisir de l’épineuse question de la relève et la faire sienne, c'est-à-dire se l’approprier véritablement. Elle doit se préparer, ici et là pour être au rendez vous du renouveau que nous appelons de tous nos vœux. Un contemporain tchadien, faisant allusion à l’héritage que la génération actuelle laissera à la postérité, affirmait sans ambages : « Nous vous laissons le désordre ». Notre héritage à nous jeunes tchadiens est le désordre multidimensionnel et multiforme. Voudrions-nous restaurer l’ordre ? Pouvons-nous le faire ? YES WE CAN !!!

 

Yannick D. YONOUDJIM

 

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