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AFRIQUE NOUVELLES

Un autre regard sur l l'Afrique et le monde.

TCHAD : CROISADE CONTRE LE TERRORISME

Publié le 30 Juin 2015 par A&B

images des attentats du 29 juin 2015 à N'djaména
images des attentats du 29 juin 2015 à N'djaména

images des attentats du 29 juin 2015 à N'djaména

Le terrorisme en Afrique, on n’en parlera jamais assez. Nombre de pays se trouve pris dans la spirale de ces conglomérats d’esprits sans foi ni loi, qui se nourrissent du ferment de la terreur et de la désolation. Au-delà des solutions envisagées dans le cadre régional ou sous-régional, notre pays se doit de prendre cette question à bras le corps en vue de s’y prémunir de façon pérenne. Suivez mon regard…

Définir un vocable tel le terrorisme est une entreprise mal aisée, tant les conceptions y afférentes abondent et ne reflètent pas toujours l’objectivité attendue du discours scientifique. Toutefois, il importe de restituer ici deux approches et non des moindres : l’une dite objective et l’autre propagandiste.

Selon l’approche objective, le terrorisme est entendu comme une méthode d’action visant à inspirer un sentiment d’angoisse, par la répétition d’actes violents employés par des groupes clandestins isolés ou des agents gouvernementaux. Et ce, pour des motifs personnels, criminels ou politiques dont les victimes directes ne constituent-au contraire de celles d’un assassinat- les cibles principales. L’approche propagandiste, tout en réitérant l’aspect de la terreur, postule que celle-ci est portée par la religion qui en constitue le vivier ou le cadre de recrutement. C’est fort de cette conception que certains observateurs font de l’Islam, le bouc émissaire du terrorisme.

De ces approches se dégagent les caractéristiques principales du terrorisme : le caractère politique lié aux revendications portées par les groupes terroristes ; le ciblage des populations civiles et l’établissement d’un climat de peur extrême.

Le terme « terrorisme » connait un usage à géométrie variable en fonction des inflexions que connaissent les politiques étrangères des Etats. C’est ainsi qu’aux USA, le gouvernement fédéral considère tantôt les terroristes comme des criminels de droit commun, tantôt comme des simples fauteurs de troubles, dédramatisant ainsi l’ampleur du mal. Curieusement, lorsque les mêmes actes sont perpétrés sous d’autres cieux, ce même gouvernement s’empresse à les qualifier de terroristes pour s’en émouvoir.

En outre, le terrorisme en tant qu’activité criminelle révèle la confrontation de deux(2) systèmes économiques. Il s’agit du capitalisme occidental (position de dominant) auquel s’oppose la nouvelle économie de la terreur (position d’insurgé). A cet égard, la religion est l’outil de recrutement et l’économie, le véritable moteur.

Ces considérations terminologiques étant levées, il sied à présent d’ébaucher quelques pistes alternatives permettant au Tchad de sortir de l’engrenage de ce cul de sac.

Primo, il est de bonne guerre pour le Tchad de faire une riposte aux menées va t-en guerre de la secte Boko Haram. Il a d’abord prévenu cette situation en apportant un soutien proactif au Cameroun et au Nigeria pour éluder son asphyxie économique. Manifestement, nos armées habituées jusqu’ici aux conflits identitaires, aux rebellions et aux irrédentismes, étaient prises au dépourvu par une nouvelle configuration de la guerre. En effet, il s’agit de la guerre asymétrique qui impose un flou artistique et un mystère sur l’identité de l’adversaire et ses bases opérationnelles. C’est toute la complexité de ce type de conflit qui appelle de la part de nos Etats major un changement de paradigme. Ceci implique une formation de notre armée aux méandres de cette conflictualité. Les bombardements systématiques des prétendues positions des assaillants dont notre pays est passé maitre dans l’art, font davantage de victimes civiles. Il faut donc reconsidérer ce procédé. Aussi, nous avons derrière nous ce temps où certains partenaires du Tchad considéraient ce pays comme le « verrou » dans la lutte contre Boko haram. Aujourd’hui, notre territoire n’est pas intangible, la porosité des frontières aidant. En réalité nous n’en étions pas un.

Secundo, nous estimons que la réponse au terrorisme n’est pas que militaire. Parce que les groupuscules terroristes prospèrent dans le déficit éducationnel que connaissent nos sociétés, celles-ci gagneraient à y appliquer une cure. Les officines extrémistes endoctrinent d’abord les nouvelles recrues, c'est-à-dire qu’elles leur inculquent une idéologie taillée sur mesure et les rendent quasiment insensibles à la mort et au crime. L’esprit des enrôlés se trouve embrigadé et dévoué à la cause de l’obscurantisme. L’emprise psychologique est en marche. Ensuite, ils sont intensément entrainés dans les techniques de la guérilla, la guerre d’usure. C’est ainsi que l’industrie du crime prend forme…Là n’est qu’une description parcellaire du modus operandi (modes opératoires) des mouvements terroristes. Notre pays le Tchad doit impérieusement revisiter son rapport à l’éducation. Plus nous jetons l’éducation aux orties, plus nous donnons chèque en blanc aux terroristes d’essaimer ce pays. Il y a peu, je déplorais, la main sur le cœur, les tares et les avatars de notre système éducatif. Il est grand temps-puisque notre survie en dépend- d’offrir aux jeunes un modèle d’éducation qui fera d’eux des esprits fort éveillés et imperméables aux basses besognes. Une population éduquée participe au démantèlement du terrorisme, ne serait-ce qu’en dénonçant les attitudes suspectes. Pour illustration, ce qui se passe au Tchad en ce moment n’est pas forcément imputable à la nébuleuse Boko haram, bien qu’elle y soit implantée. Pour mémoire, en été 2008, un mouvement obscurantisme a pris racine à Kouno(localité située à quelques encablures de la ville de Guelendeng). Les autorités s’étaient empressées à le tuer dans l’œuf. Pour autant, est-ce que ce groupuscule n’y a pas laissé ses cellules dormantes susceptibles de rebondir ? Une telle hypothèse est plausible au regard de ce que connait le Tchad cette année. Aussi, le ministère de l’intérieur doit contrôler méticuleusement certains centres qui poussent dans le pays sous les oripeaux de l’enseignement coranique.

Tertio, nous rappelons-à toutes fins utiles- que le terrorisme a pour terreau fertile, la misère criarde de nos communautés. Si nous voulons vaincre ce cancer, nous devons impulser une dynamique de développement dans notre pays en mettant l’Homme à l’épicentre. Le pouvoir d’achat, les perspectives d’avenir pour les jeunes, la justice sociale…doivent être les constantes préoccupations des politiques. Si nous ne nous occupons de notre jeunesse, les groupes terroristes le feront à notre place. Plus qu’un appel de pied, c’est une injonction à l’endroit des politiques, si nous en avons encore.

Somme toute, et on l’aura compris, la lutte contre le terrorisme est consubstantielle à la gouvernance politique et économique du Tchad. Nous devons nettoyer les écuries d’Augias d’une gouvernance qui jusqu’ici prête le flanc au fondamentalisme. Toutefois, il est permis d’espérer. Et vivement que le Tchad gagne haut les mains cette croisade !!!

Yannick D. YONOUDJIM

 

 

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