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AFRIQUE NOUVELLES

Un autre regard sur l l'Afrique et le monde.

TCHAD VS BOKO-HARAM : "SOIGNER LE MAL PAR LE MAL ET PAR LE BIEN"

Publié le 1 Juillet 2015 par A&B

TCHAD VS BOKO-HARAM : "SOIGNER LE MAL PAR LE MAL ET PAR LE BIEN"

L’affaire fait l’actualité, et l’intelligentsia tchadienne en a fait l’un de ses chevaux de batail pour la sensibilisation de la masse et l’interpellation du gouvernement. L’objectif étant de contribuer à prévenir la propagation du terrorisme islamiste sur toute l’étendue du territoire tchadien. En dehors des multiples solutions que notre gouvernement et certains d’entre nous ont alloué, nous proposons des moyens supplémentaires pour l’endiguement de cette peste qu’est la secte Boko-Haram : L’équilibre de la terreur et le développement à la base.

S’attarder sur une quelconque définition de ce qu’il conviendrait de qualifier par toutes les « nuisibilités » possibles, c’est-à-dire le terrorisme, ne serait que perte du temps, tant le mot sous-entend sa définition. Par conséquent, la secte Boko-Haram, la désormais ennemie jurée de notre Nation et de l’Afrique toute entière -et l’on ne doit se permettre de s’illusionner là-dessus- ne doit être considérée qu’au prorata des nombreux actes monstrueux et obscurantistes qui sont à son actif depuis sa création.

Sous d’autres cieux, Etat Islamique (la fameuse et impitoyable Daech) a causé des dégâts vraisemblablement irréparables. Elle a placé l’Iraq au bord du gouffre, et peut être qu’il y est déjà au fond. Au Nordeste du Nigéria, les terroristes de la secte Boko-Haram ont non seulement anéanti le processus du développement de la région, mais chose pire, ils ont traumatisé la société. Désormais, c’est le Tchad, pays qui vient à peine de rompre son pacte de sang avec les démons de la guerre, qui essuie les salles coups de ces « déopathes », c’est-à-dire les fous de Dieu. Le 15 juin dernier, un attentat attribué à Boko-Haram a fait environ 30 morts et 101 blessés à N’Djaména. Avant-hier, 29 juin, soit deux semaines plus tard, des kamikazes de ladite secte ont activé leurs charges faisant 5 morts parmi les policiers et une dizaine de blessés. S’en ai de trop ! Il faut impérativement étouffer ce truc avant qu’il ne fasse du Tchad une poudrière. Cependant, comment le Tchad doit régler de façon définitive, sinon durable le « cas » à Boko-Haram?

Plusieurs moyens peuvent être analysés pour trancher ce problème. Mais à notre niveau, nous estimons que l’heure n’est plus à la fragilité. Par conséquent, il s’avère impérieux de mettre en application certaines procédés qui sont encore d’usage dans les relations d’Etats à Etats, entendez par l’équilibre de la terreur, et quelques initiatives qui doivent avoir pour but de contenir le problème à l’état embryonnaire parmi lesquels le développement à la base.

L’équilibre de la terreur découle du principe d’équilibre des puissances et/ou de la stratégie de l’endiguement. Elle est souvent d’usage dans le cadre des régulations diplomatico-stratégiques existant entre les Etats, et principalement les puissants Etats. Pendant la guerre froide, il symbolisait le rapport des forces entre les Etats Unis et l’Union des républiques socialistes et Soviétiques (URSS), et a permis à la planète d’échapper de justesse à une hécatombe nucléaire irrémédiable (en témoigne la crise des missiles de Cuba d’octobre 1962). Depuis la guerre froide jusqu’à nos jours, l’équilibre de la terreur a contribué fortement à la stabilisation d’une paix relative entre les Etats, condamnant les deux superpuissances à « l’impuissance de la puissance ». L’équilibre de la terreur traduit in fine cet « état de ni paix ni guerre », mais qui toutefois fait planer constamment une atmosphère de guerre au-dessus d’un bout de paix …, et comme l’a si bien formulé Raymond Aron : c’est une situation de « paix impossible, guerre improbable ».

Rapporté à notre stratégie de lutte contre le terrorisme et partant Boko-Haram, l’équilibre de la terreur signifie exactement ça : soigner le mal par le mal, ou bien combattre la terreur par la terreur, ou encore neutraliser le terrorisme par le terrorisme. Cette formule n’est pas nouvelle en soi, puis que les physiciens ont déjà démontré que pour neutraliser deux forces, il faut qu’elles aient les mêmes intensités. Autrement, et mathématiquement parlant, 1-1=0. Mais présentement, il n’est pas question de neutraliser les deux forces car le combat dont il est question oppose une force normale d’une grande intensité, à une autre force anormale mais qui est aussi d’une grande intensité. Bien au contraire, ce réalisme ne doit produire que deux effet : soit la force normale (Tchad, son peuple et son armée) triomphe de celle anormale (Boko-Haram et ses cellules dormantes), soit le maintiennement d’un statu quo, mais forcement avec Boko-Haram et ses affidés hors des frontières du Tchad. L’intensité correspond ici aux capacités de nuisances (nul ne doit ignorer que Boko-Haram dispose aussi des moyens militaires impressionnants).

Ainsi, pour triompher, il va falloir que le Tchad qui constitue la force normale procède par des actions terribles et à forts retentissements (comme l’effroi des attentats terroristes et leur médiatisation) : traitement atroces des terroristes capturés, actions militaires d’envergures contre les bastions terroristes au Tchad et au Nigéria (avec les forces de la coalition), traque incessante des terroristes sur l’étendue du territoire national. Aussi faudrait-il envisager des campagnes de massacres collectifs des terroristes en violation du Droit humanitaire et des Droits de l’Homme, car -il ne faut pas se faire des illusions- la sécurité des quelques 12.000.000 des tchadiens et la paix du Tchad doivent vaille que vaille emporter sur la vie de quelques individus.

Cependant, cette stratégie de lutte contre le terrorisme n’est pas sans limites : premièrement, Boko-Haram mène contre le Tchad une guerre non-conventionnelle. Deuxièmement, les mauvais traitements contre les Hommes, y compris les terroristes, sont sanctionnés par le Droit humanitaire et les Droits de l’Homme. Troisièmement, les campagnes militaires d’envergures peuvent causer autant, voire plus, de pertes parmi les civils que les cibles initialement en point de mire. Mais ces limites sont à relativiser.

En effet, contre la guerre asymétrique de Boko-Haram, le Tchad se doit de répondre par une « guerre furtive et surprise ». Pour ce faire, le Tchad doit adapter ses hommes et ses matériels : les hommes doivent être formés et entrainés à la manière des forces spéciales (à l’instar des hommes du Commandement des Opérations Spéciales en France), c’est-à-dire à la discrétion, à l’efficacité et à la rapidité de l’action. Les matériels peuvent être les moyens de communications et de renseignements, les équipements (entre autres des armes performantes et des lunettes à vision nocturnes pour des opérations nocturnes), des drones, véhicules et autres avions de combat. De même, concernant le deuxième élément, le problème ne devrait pas se poser parce que le Tchad ne serait ni le premier, le dernier à brimer les terroristes. D’ailleurs, les traitements, soient disant inhumains, infligés aux terroristes dans les prisons américaines de Guantanamo-Bay à Cuba, d’Abou Ghraïb en Iraq ainsi que les multiples prisons secrètes de la Central Intelligent Agency (CIA) dissimulées en Europe, au Proche-Orient et Moyen-Orient ont servi de bels exemples de « rééducation » des terroristes. En ce qui concerne les campagnes militaire d’envergure, le risque de pertes en vies civiles est réel. Mais là aussi, une bonne planification permettra certainement de limiter les dommages collatéraux.

En tout état de cause, l’équilibre de la terreur appliqué à la lutte contre Boko-Haram s’avère indispensable, car si cette stratégie ne parvient pas à la rayer complètement, elle contribuera certainement à son alanguissement. D’aucuns ne verront en cette méthode la moindre orthodoxie. Ce qui n’est pas tout à fait incorrecte. Mais réalisme oblige : il faut préserver la paix au Tchad et le bien être des Tchadiens par « tous les moyens ». Toutefois il importe d’assaisonner un tout petit peu ce « machiavélisme salvateur » avec un réel programme de développement à la base pour qu’il puisse atteindre le but escompté.

Le concept du développement à la base peut être entendu comme une stratégie de développement inclusif orienté primordialement vers la lutte contre la pauvreté à travers la scolarisation et la sensibilisation, la formation professionnelle et l’entreprenariat des jeunes et la promotion et la modernisation du secteur primaire. Le mérite de cette stratégie réside tout d’abord dans le fait qu’elle permet d’une part aux pauvres d’avoir accès aux structures de l’Etat (santé et éducation) et donc aux conditions de vie décentes. D’autre part elle permet à l’Etat de mieux planifier sa stratégie de développement à travers la diversification des investissements en privilégiant les secteurs à forts potentiels et pourvoyeurs d’emplois.

Dans une brillante analyse, Yannick D. YONOUDJIM démontrait que « les groupuscules terroristes prospèrent dans le déficit éducationnel que connaissent nos sociétés », et que par ailleurs, « le terrorisme a pour terreau fertile, la misère criarde de nos communautés » (Tchad : croisade contre le terrorisme, tchadexpress.over-blog.com, 30 juin 2015). Ce qui est tout à fait évident. C’est pourquoi le développement à la basse, qui se traduit à la fois par la réciprocité entre gouvernants et gouvernés, et l’appropriation citoyenne dudit concept, doit être promu. Il sera en quelque sorte un bouclier de l’Etat contre « l’impérialisme terroriste ».

Tout compte fait, il n’est aucun doute que la lutte contre le terrorisme ne fait que commencer dans notre pays. Quelques mois seulement après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats Unis d’Amérique lançaient des opérations de grandes envergures tous azimuts contres Al-Qaeda. Plus d’une décennie plus tard, le constat est sans appel : Al-Qaeda est considérablement affaibli et il a perdu du terrain. Mais sur ses cendres renaît en grande pompe Mohamed El-Bagdadi et son mouvement Etat Islamique. L’inconvénient de cette action américaine est qu’elle n’était pas accompagnée d’un réel programme de développement qui aurait pour objectif d’absorber les jeunes désœuvrés. C’est pourquoi, l’équilibre de la terreur, tel qu’exposé et que nous préconisons très vivement, doit nécessairement s’accompagner de vastes programmes de développement à la base. Sans cela, l’action militaire ne fera qu’exacerber les tensions et affermir davantage les jeunes dans l’extrémisme religieux, c’est-à-dire que cette action faire plus de terroriste qu’on s’en attendait.

Bienvenu Mad.

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